The Power Station

Publié le par olivier

The Power Station
The Power Station

Le 16 février 1985, l'actrice Pamela Sue Martin, connue alors pour son rôle récurrent dans la série TV Dynastie, est l'invité principale de l'émission de divertissement américaine Saturday Night Live, diffusée chaque semaine sur le réseau NBC. Pour la partie musicale de l'émission, c'est elle qui introduit sur la scène du studio hébergé au Rockefeller Plaza de New York un nouveau supergroupe pour sa toute première prestation.

Ce groupe s'appelle The Power Station. Il est composé de John Taylor et d'Andy Taylor, tous deux membres de Duran Duran alors au sommet de leur popularité mais qui subissent quelques tensions et ont décidé de faire une pause, de Tony Thompson, ancien batteur de Chic qui s'est aussi illustré sur les succès récents de David Bowie et Madonna, et de Robert Palmer, chanteur toujours réputé en Europe mais dont les derniers vrais succès aux Etats-Unis remontent à la fin des années 1970.

Au Saturday Night Live, le groupe interprète deux titres en direct. L'histoire voudra qu'il s'agisse là de l'unique performance live du groupe dans sa formation originale complète.

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La génèse du groupe The Power Station se situe vraisemblablement deux ans plus tôt, au printemps 1983. Alors que vient de sortir le simple Is There Something I Should Know?, les membres de Duran Duran ont loué pour plus de deux mois une grande propriété à Valbonne, sur les hauteurs de Cannes dans le sud de la France, afin de travailler sur leur prochain album.

Les premières sessions de ce qui deviendra Seven and The Ragged Tiger se révèlent compliquées. Pour se changer les idées et écouter autre chose que leur propre musique, John Taylor et ses comparses décident d'aller voir David Bowie dont la tournée Serious Moonlight, qui accompagne Let's Dance, son retour discographique triomphal, fait étape pour deux soirs aux arènes romaines de Fréjus, à une demi-heure de Valbonne en voiture. 

Ayant facilement obtenu des places de choix - juste au-dessus de la scène - et la possibilité d'accéder aux coulisses, les membres de Duran Duran apprécient le concert et viennent saluer Bowie à l'entracte. John Taylor en profite également pour rencontrer Tony Thompson qui, avant d'accompagner Bowie sur la tournée, a été le batteur du groupe funk Chic aux côtés du guitariste Nile Rodgers et, surtout, du bassiste Bernard Edwards dont Taylor admire le jeu.

"John m'a emmené dans une discothèque ce soir-là. Nous sommes montés dans la voiture et il n'avait que des cassettes de Chic," en riait encore Thompson en 1985. "Alors il m'a dit 'Pourquoi ne pas se réunir et faire un morceau?' Au départ, l'idée était de ne faire qu'un seul morceau."

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Deux mois plus tard, Duran Duran est de retour en Angleterre. Le 23 juilllet 1983, le groupe y donne au stade de football d'Aston Villa à Birmingham un concert de charité au profit de l'association Mencap qui oeuvre pour les personnes ayant des troubles d'apprentissage. Birmingham est la ville où le groupe s'est formé et cet événement est un peu considéré comme un "retour aux sources" pour les 18.000 spectateurs présents.

Robert Palmer a été invité pour assurer la première partie du concert. Les Duran Duran sont en effet des fans déclarés du chanteur, notamment John Taylor qui l'a déjà rencontré. Bien que Palmer soit alors embarqué dans une tournée en Amérique du Nord après la sortie de son album Pride au printemps, il fait le déplacement en avion depuis Vancouver spécialement pour l'occasion. Sur scène, il interprète notamment deux de ses récents succès anglais: Johnny And Mary et Some Guys Have All The Luck.

A l'issue du concert, les artistes se retrouvent au fameux Rum Runner Club de Birmingham où Duran Duran a débuté. John Taylor et Robert Palmer commencent alors à évoquer l'idée de travailler ensemble. En particulier, Taylor semble frustré par le tournant trop Pop pris par Duran Duran et qui s'éloigne de l'ambition initiale qu'il avait pour le groupe, à savoir un mariage de R&B et de rock, quelque chose entre Chic et les Sex Pistols. A l'époque, il n'a encore que la vague idée de faire une version dansante de Get It On, le tube de T. Rex de 1971.

Dans les mois qui suivent, les choses se concrétisent. Fin 1983, John et Andy Taylor retrouvent Tony Thompson en Australie alors que s'achève la tournée de Bowie. De nouveau ensemble à Londres, ils commencent à enregistrer des maquettes de morceaux instrumentaux. Thompson suggère le nom de Bernard Edwards, son complice de Chic, pour la production mais le projet, provisoirement baptisé Big Brother (en référence au livre de George Orwell et "parce qu'on était en 1984" comme le justifie John Taylor), n'a toujours pas de chanteur attitré.

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John et Andy pensent déjà à Robert Palmer mais Bernard et Tony semblent préférer l'option consistant à inviter plusieurs chanteurs, chacun présent sur un seul titre. Thompson, qui travaille simultanément sur l'album solo de Mick Jagger She's The Boss, en a même parlé au charismatique leader vocal des Rolling Stones. D'autres noms sont aussi évoqués, comme ceux de Billy Idol ou Richard Butler des Psychedelic Furs.

Poursuivant néanmoins son idée première, John Taylor adresse à Robert Palmer dans sa résidence des Bahamas une cassette contenant les démos assez élaborées de plusieurs morceaux. A leur écoute, Palmer s'enthousiasme. Comme souvent, sa réaction est immédiate. Il réserve le premier avion à destination de New York et rédige des paroles de chansons pendant le vol. À la sortie de l'aéroport, il s'engouffre dans un taxi, débarque au studio d'enregistrement The Power Station (qui donnera finalement son nom au groupe) et, sans même prendre la peine d'enlever son manteau, délivre une performance vocale sur Communication qui impressionne tout le monde. Après que Palmer se soit essayé à un deuxième titre, la fameuse reprise du Get It On de T. Rex, c'est Bernard Edwards qui conclut: "Ne cherchez plus. Vous avez votre chanteur."

Membre à part entière du nouveau quatuor, Palmer peaufine alors les paroles des morceaux originaux, collabore directement avec Edwards à l'écriture de Lonely Tonight et adapte pour le groupe Go To Zero sur lequel il travaillait en solo aux Bahamas.

Dès l'enregistrement de ses parties vocales terminé, le chanteur retourne à Nassau, laissant à Bernard Edwards (production) et à Jason Corsaro (mixage) le soin de finaliser l'album. Dans l'esprit de tous, The Power Station n'est qu'un projet ponctuel auquel il ne sera pas donné de suites. Au début de l'année 1985, il ne revient donc à New York que pour assurer la promotion de la sortie du disque et participer à une unique prestation télévisée, le 16 février dans le Saturday Night Live.

Le simple Some Like It Hot sort le 4 mars 1985. "Ce n'est pas une chanson pop immédiate... Si elle atteint le Top 30, nous serons contents," déclare alors Andy Taylor. Aux Etats-Unis, le titre grimpera jusqu'à la 6ème place du Billboard Hot 100. Le deuxième simple Get It On (Bang A Gong) intégrera également le Top 10. L'album éponyme The Power Station sort le 22 mars 1985 et sera certifié Disque de Platine.

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Agréablement surpris par l'ampleur du succès, John et Andy Taylor se ravisent et décident de prolonger l'aventure par une grande tournée estivale nord-américaine. Ils informent Robert Palmer de leur intention et celui-ci, un peu contraint, commence par accepter l'invitation. Une première série de dates est annoncée, confirmant la participation de Palmer.

Toutefois, le chanteur affiche rapidement son malaise, sans doute inquiet à l'idée de devoir défendre sur scène le répertoire d'un groupe qui n'a enregistré en tout et pour tout qu'une trentaine de minutes de musique, devant un public jeune, voire adolescent, qui n'est clairement pas le sien. De plus, Palmer n'apprécie guère les excès de la "Duranmania" et s'irrite des conditions dans lesquelles la tournée s'organise.

À quelques semaines seulement du premier concert, Robert Palmer jette l'éponge et se retire du Get It On Tour. Certains observateurs jugent son comportement "peu professionnel" et estiment que quitter The Power Station au moment où il acquiert enfin une forte exposition médiatique équivaut pour lui à un suicide commercial. Fort heureusement, il n'en sera rien.

Montée dans l'urgence, la tournée du groupe n'est pas considérée comme une grande réussite artistique et, même si le chanteur remplaçant Michel Des Barres (Silverhead, Detective, Chequered Past) dépense une belle énergie, il peine à faire oublier l'absence de Palmer. 

Ce dernier délivre son album solo Riptide dès l'automne. Si les ventes se révèlent d'abord modestes, la sortie au printemps suivant du simple Addicted To Love et de sa vidéo iconique dirigée par le photographe de mode Terence Donovan changera radicalement la donne, faisant de Robert Palmer une star.

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Ce n'est qu'en 1993 que John et Andy Taylor envisagent sérieusement de reformer The Power Station pour un deuxième album. Ils contactent Robert Palmer, Tony Thompson et Bernard Edwards qui se déclarent partants. Cette fois, le groupe prend son temps pour développer le projet et écrire les chansons, d'autant qu'en parallèle tous les membres continuent d'assurer les engagements de leurs carrières respectives.

Empêtré dans des problèmes personnels, John Taylor est néanmoins contraint de se retirer alors que le disque est déjà en cours d'enregistrement. C'est logiquement Bernard Edwards qui le remplace à la basse, tout en conservant son crédit de producteur. Alors que l'album est quasiment finalisé, Edwards décède brutalement le 18 avril 1996 à l'issue d'un concert de Chic au Japon. Il avait seulement 43 ans. Emmené par le simple She Can Rock It, l'album Living In Fear paraît finalement en 1996, dans une relative indifférence. Réduit à un trio, le groupe effectue une brève tournée au Japon puis aux Etats-Unis pendant l'été 1997, avant de se séparer à nouveau. 

En 2005, pour commémorer le 20ème anniversaire de l'album, The Power Station est réédité dans une version incluant un DVD et de nombreux titres bonus. Tristement, John Taylor et Andy Taylor sont désormais les seuls survivants du groupe, après les décès de Bernard Edwards en 1996, de Robert Palmer et Tony Thompson en 2003 et de l'ingénieur du son Jason Corsaro en 2017.

The Power Station :

  • Robert Palmer: chant (1985-1997)
  • Andy Taylor: guitare (1985-1997)
  • John Taylor: basse (1985-1995)
  • Tony Thompson: batterie (1985-1997)
  • Bernard Edwards: production (1985-1996), basse (1996)
  • Michael Des Barres: chant (1985)
The Power Station

Voir aussi :

The Power Station in the animated TV series Family Guy (Season 9 Episode 18)

The Power Station in the animated TV series Family Guy (Season 9 Episode 18)

The Power Station in Japanese animation style

The Power Station in Japanese animation style

Publié dans robert-palmer

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